Homélie du 5ème dimanche du carême
Abbé Jean Compazieu | 29 mars 2014
Le Dieu des vivants
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce 5ème dimanche du carême nous annoncent une bonne nouvelle : ils nous disent que notre Dieu n’est pas le Dieu des morts mais celui des vivants. Il veut que nous ayons la vie en abondance. Ce dimanche nous ouvre les perspectives de la résurrection. C’est le fondement même de notre foi.
Dans la première lecture, le prophète Ezéchiel nous introduit à ce message d’espérance. Il s’adresse à des gens qui sont en terre d’exil depuis de nombreuses années. Beaucoup d’entre eux sont morts d’épuisement. Pour les survivants, l’avenir semble sans espoir. Le peuple élu semble appelé à disparaître comme beaucoup d’autres avant lui. Mais le prophète Ézéchiel vient raviver leur espérance. Il leur raconte sa vision des ossements desséchés qui se sont recouverts de chair et de peau puis se sont mis à revivre. C’est ainsi que Dieu fera revivre son peuple. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. A travers ce texte biblique, nous avons une approche de l’idée de résurrection.
La victoire sur la mort est en revanche clairement annoncée dans la deuxième lecture. Paul affirme que nous ne sommes pas soumis à l’emprise de la chair mais à l’esprit. Dans le langage de Paul, la chair c’est l’homme enfermé en lui-même et centré sur ses désirs. L’esprit est une forme de vie nouvelle suscitée par l’Esprit même de Dieu. Il nous apprend à nous situer en vérité face à Dieu, face aux autres et face au monde. En choisissant de vivre ainsi, nous échappons à la mort. Cette vie de Dieu qui nous est donnée au baptême se développera pleinement à la résurrection des morts. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.
Dans l’Evangile que nous venons d’écouter, nous découvrons la force et la grandeur de l’amour de Jésus. Malgré les menaces de mort qui pèsent sur lui, il décide de se rendre auprès de son ami Lazare. Il ne peut rester loin de ceux qui souffrent. Il y a déjà là une interpellation pour nous qui avons souvent tendance à nous détourner de la souffrance. Pensons à tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui sont écrasés par la guerre, la faim, la solitude, la tristesse. Pour eux, c’est comme une pierre froide qui les écrase.
Nous avons écouté ce dialogue qui nous dit toute la souffrance de Marthe quand elle s’adresse à Jésus : “Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort”. Ce reproche est toujours d’actualité : “Si toi, Seigneur, tu avais été proche, ces malheurs ne seraient pas arrivés… Ces exterminations n’auraient pas eu lieu… En fait, si nous lisons bien l’Evangile, nous découvrons une chose à laquelle personne ne pense : ce n’est pas Dieu qui s’est éloigné mais les hommes. Il n’y a que lui à leurs côtés. Et il pleure sur ses amis comme il pleura sur Lazare.
Mais se faire proche de toute cette souffrance, ce n’est pas facile. Nous avons entendu la réflexion des deux sœurs quand Jésus veut faire ouvrir le tombeau : “Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour”. Oui, il sent déjà. C’est comme sentent les pauvres, comme sentent les camps de réfugiés rassemblés par centaine de milliers. Mais Jésus ne s’arrête pas. Son affection pour Lazare est plus forte que la résignation des deux sœurs. L’amour du Seigneur ne connaît pas de limite, pas même celle de la mort.
Voilà cette bonne nouvelle : la tombe n’est pas la demeure définitive des amis de Jésus. Lazare est appelé à venir dehors. Il a entendu la voix du Seigneur et il est sorti. En méditant sur cet Evangile, nous découvrons que Jésus ne s’adresse pas à un mort mais à un vivant. Ces bandelettes de Lazare sont le symbole de notre égoïsme, de notre froideur et de notre indifférence. C’est de cela que Jésus veut nous libérer. A travers cet évangile, il nous annonce un message de la plus haute importance : “Je suis la résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra.”
En appelant Lazare à venir dehors, Jésus s’adresse aussi à tous les hommes. Il les appelle tous par leur nom. Avec lui, la mort ne peut avoir le dernier mot. Elle est devenue un passage, une porte vers l’éternité. En ce jour, nous faisons nôtre la profession de foi de Marthe : “Je crois, Seigneur ; tu es le Fils de Dieu qui vient sauver le monde.”
Sources : Revues Feu nouveau, Signes, Dimanche en paroisse – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – lectures bibliques des dimanches et fêtes (A. Vanhoye) – La Parole de Dieu pour chaque jour de 2014 (V. Paglia)
Seigneur, j’espère avec le temps devenir moins égoïste et surtout éloigne l’indifférence de mon coeur.
Merci de nous avoir proposé unevidéo de Benoît XVI car j’étais très contente de le retrouver !
c’est un message de confiance et d’espérance que notre Dieu est plus fort que la mort; qu’il nous aime tous, qu’il connait chacun individuellement et appelle chacun par son nom. sommes-nous dignes alors d’etre appelés ses enfants, ses amis?
Bonjour Soeur claire pour ces si beaux commentaires pour ce 5 ème dimanche de Carême.
Cela me rappelle vos enseignemens en Israël.
Bonne semaine sainte
Pierre & Marie José